Je poursuis mes écoutes pour le Prix Audiolib 2015. Si vous voulez voir où j’en suis, rendez-vous sur cette Page !
« Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d’entendre ma mère dire Qu’est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J’étais déjà loin, je n’appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j’ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l’odeur de colza, très forte à ce moment de l’année. Toute la nuit fut consacrée à l’élaboration de ma nouvelle vie loin d’ici. »
En vérité, l’insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n’a été que seconde. Car avant de m’insurger contre le monde de mon enfance, c’est le monde de mon enfance qui s’est insurgé contre moi. Très vite j’ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n’ai pas eu d’autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
Mon bavardage…
Depuis sa sortie, j’avais envie de lire ce roman autobiographique. J’ai lu beaucoup de critiques sur les différents blogs sans vraiment savoir quoi en penser. J’étais donc ravie quand j’ai vu qu’il faisait partie de la sélection du prix Audiolib 2015.
Ca y est, j’ai écouté les 4h42 de la vie d’Edouard Louis. Et j’ai été gênée par ce roman. Je comprends qu’il ait eu envie de parler de son enfance, de faire une introspection pour essayer de comprendre ses origines, mais c’est trop. Je me suis un peu lassée de ses histoires. J’ai trouvé les personnages redondants. Il a eu une vie difficile, certes, je ne le nie absolument pas. Mais était-il obligé de répéter toujours les mêmes points ? J’aurais aimé qu’il analyse davantage son enfance, qu’il porte le regard de l’adulte qui s’en est sorti, peut-être qu’il essaie de comprendre pourquoi ses parents sont comme cela. Tout semble négatif dans sa famille. Comme si rien n’était à garder ! Je peux comprendre le fossé qui le sépare de sa famille puisque parfois je le vis avec mes élèves, cependant, je n’ai pas ce regard aussi acerbe sur eux.
J’attendais qu’il se sauve avant de cet enfer, qu’il découvre une autre vie, un autre monde. Certes, c’est le cas à la fin du roman mais cela intervient trop tard. Pourquoi ne pas parler avant de ce qui lui a permis de s’en sortir ? Est-ce une rencontre ? L’école ? Comment est-il devenu normalien ? J’aurais voulu voir ce qui l’a aidé à tenir, à poursuivre son rêve d’aller au lycée ?
Autre point : il est raillé par ses amis, sa famille parce qu’il est homosexuel. Et on a l’impression, en lisant ce livre, que seules les classes défavorisées rejettent cette tendance sexuelle. J’ai trouvé ça un peu réducteur et caricatural.
Je me pose une autre question : est-ce un roman ? ou une autobiographie ? Lorsqu’il est sorti, on parlait de roman mais la promotion a été faite sur l’aspect autobiographique. Quid de la vérité ? Quel est la part de romance ? Il m’a manqué la distance. J’ai été comme asphyxiée par cette haine qu’il crache.
Je crois que ce roman n’était finalement pas fait pour moi ! Il est souvent comparé à Annie Ernaux, auteure que je n’affectionne pas vraiment.
Le lecteur, Philippe Calvario, est très bon. J’ai préféré sa voix à celle de l’auteur présente dans l’interview de fin. Le lecteur parvient à exprimer avec beaucoup de justesse les mots d’Edouard Louis. Il ne tombe jamais dans la caricature et oscille facilement entre le vocabulaire argotique et le vocabulaire soutenu.
Et vous ? Qu’en avez-vous pensé ? Moi je vais tout de suite lire l’avis de Laure
Les avis d’Estelle, Saxaoul, Sandrine, Leiloona, Sylire, Enna…
Deuxième avis où je ressens une suffocation face à cette violence.
Oui le terme suffocation est assez exact
Laure, elle n’a pas été très convaincue par l’écoute, alors que j’avais été enthousiasmée par la lecture du livre.
Peut être aurais-je du le lire alors …
eh bien moi, je n’aime pas Ernaux mais j’ai aimé ce livre… comme quoi!
Comme quoi…
Je l’ai lu lors de sa sortie. Et j’ai détesté d’un bout à l’autre.
J’ai trouvé ça tout comme toi, réducteur, caricatural, mais aussi voyeuriste et mal écrit…
Il vient de sortir en poche mais je n’ai toujours pas envie de tenter l’expérience…
C’est vrai que les questions qui accompagnent ce livre sont perturbantes…
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